Prix Gabriel Tarde 

Le prix français de criminologie portant le nom de Gabriel Tarde a été créé, en mars 1972, par le Comité de coordination des recherches criminologiques (CCRC) du ministère de la Justice. Quand, en 1984, le CCRC a disparu du fait de la restructuration de la recherche “ Justice ”, la gestion du prix a été confiée à l’Association française de criminologie dont l’un des buts est de “ promouvoir la recherche et les enseignements de toutes les disciplines qui participent au développement de la criminologie ” (Art. 2 des Statuts de l’AFC). Un nouveau règlement a été adopté le 8 juin 2000.

Qui est gabriel TARDE? (Sarlat, 1843 – Paris, 1904) 

GABRIEL TARDE est né en 1843 à Sarlat, en Dordogne. Il est le fils d’un juge d’instruction et se destinera à son tour à cette carrière. Du fait d’une maladie qui le retient alité durant toute sa jeunesse, il devient de surcroît un bon connaisseur de la philosophie et des sciences humaines de son temps. Ainsi, tout en poursuivant sa carrière de magistrat de province, il entame au début des années 1880 une vie d’intellectuel. Il se fera connaître d’abord par ses articles de psychologie publiés dans la Revue philosophique de Théodule Ribot. Il se distingue ensuite rapidement par ses textes de criminologie qui comptent parmi les premières réactions contre le “ fatalisme biologique ” de Lombroso. En 1886, il rassemble ces écrits dans La criminalité comparée, ouvrage qui connaît un franc succès et qui amène notamment Alexandre Laccassagne à solliciter sa collaboration pour les Archives d’anthropologie criminelle qu’il vient de fonder à Lyon.

Enfin, avec la publication des Lois de l’imitation en 1890, Tarde se positionne comme un théoricien majeur des sciences humaines en général. Il profite en effet de l’engouement général que suscitent à cette époque les recherches sur l’hypnose et la suggestion. La reconnaissance institutionnelle arrive rapidement. Il est nommé à la direction de la statistique judiciaire au ministère de la justice en 1894, puis surtout élu au Collège de France en 1900. Tarde est alors à l’apogée de sa vie et de sa carrière d’intellectuel. Pourtant, sa théorie de l’imitation est déjà critiquée. A vouloir tout expliquer, elle apparaît comme trop générale par rapport aux travaux de recherches empiriques rigoureux que promeut l’équipe emmenée par Emile Durkheim autour de l’Année sociologique. De fait, au moment de sa mort, en 1904, Tarde a déjà laissé échapper le leadership de la sociologie française à son jeune rival. Il n’en demeure pas moins une figure marquante de la fin du XIXème siècle et l’un des premiers et des plus importants opposants à la criminologie biologique de Lombroso.

Pour en savoir plus :

* Laurent Mucchielli, La découverte du social. Naissance de la sociologie en France (1870-1914), Paris, La Découverte, 1998, 572p.

* Réédition des œuvres de Tarde : Editions de l’Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance, Collection  » Les empêcheurs de penser en rond « , 1999 :

  • Vol. I : Monadologie et sociologie, préface d’Eric Allliez (150 p.).
  • Vol. II : La logique sociale, préface de René Schérer (603 p.).
  • Vol. III : L’opposition universelle, préface de Jean-Clet Martin, 1999 (408 p.).
  • Vol. IV : Les lois sociales, préface d’Isaac Joseph, (151 p.),
  • Vol. V Essais et mélanges (à paraître).

 

Depuis l’origine (1972), le Prix Gabriel Tarde est financé par le ministère de la Justice.

Que faire pour concourir ?

Les inscriptions à la session « 2018-2023′ » du Prix français de criminologie (Prix Gabriel Tarde) sont ouvertes jusqu’au 30 avril 2023 (repoussé au 31 mai 2023). 

Sont pris en considération, pour l’attribution du prix, les seuls ouvrages qui constituent pour leurs auteurs l’une des premières recherches ou l’un des premiers travaux dans le champ de la criminologie.

Le prix peut récompenser une œuvre collective. Dans ce cas, seul le (ou les) auteurs(s) remplissant les conditions précisées supra concour(en)t au prix Gabriel Tarde.

Dossier de candidature : 

Les candidats doivent soumettre sous forme numérique un CV, un résumé de 20 000 / 30 000 signes, un exemplaire de leur travail, ainsi qu’une synthèse de 30 pages maximum, qui lui semble représentative de l´ensemble. Les documents sont soumis au format PDF.

Une première sélection sera alors effectuée. Les candidats retenus pour poursuivre le concours devront envoyer sur demande au/à la secrétaire du prix Gabriel Tarde deux exemplaires papier de leur travail.

Pour tout renseignement sur le Prix Gabriel Tarde : prixtarde@gmail.com  et asso.crimino@gmail.com

  • CV type
  • Curriculum Vitae résumé Prix Gabriel Tarde

Les membres du jury

Bruno GRAVIER (Psychatrie), praticien, Suisse – Président du jury

1 Bruno GRAVIER Psychiatrie
2 Jean-Michel BESSETTE Sociologie
3 Marie-Sophie DEVRESSE Sociologie
4 Sylvain ROUSSILLOUX Philosophie
5 Paul MBANZOULOU Droit
6 Renaud BOUVET Droit – Médecine
7 Virginie GAUTRON Droit
8 Anne WYVEKENS Droit – Sociologie
9 Aïda CHOUK Droit
10 Astrid HIRSCHELMANN Psychologie
11 Jérôme ENGLEBERT Psychologie
12 Fabienne GLOWASCK Psychologie

Lauréats des sessions précédentes

23 mars 1972 : création du Prix Gabriel Tarde (PGT) par le Comité de coordination des recherches criminologiques du ministère de la Justice (CCRC). 

1972 – Catherine Ballé, La menace et son traitement judiciaire, étude sociologique d’un langage de violence.

1973 – Claude Faugeron, Analyse typologique des représentations sociales de la justice criminelle en France et Jacqueline Landouzy – Charlemagne, Criminalité et inadaptation chez les Tziganes.

1974 – Helène Malewska et Vincent Peyre, Délinquance juvénile, famille, école et société et M. Planche, Les prisons de Paris au XVIIIe siècle.

1975 – Pierre Lascoumes, Prévention et contrôle social.

1976 – Bruno du Pouget de Nadaillac, Les groupes adolescents de banlieue.

  • Mention spéciale à Jean-Claude Chesnais, Les morts violentes en France depuis 1826.
  • Mention spéciale à Marie-Clet Desdevises, La délinquance étrangère (analyse statistique).

1977 – le jury n’a pas attribué de prix.

1978 – Michel Chauvière, Recherche sur la rééducation et le secteur de l’enfance inadaptée (1940-1950).

  • Mention spéciale à Jacotte Bobroff et Micheline Luccioni, La clientèle du travail social.

1979 – Arlette Farge, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe sicèle.

  • Mention spéciale à Jacques Faget, La probation et le contrôle social dans le ressort du tribunal de Bordeaux.
  • Mention spéciale à Guy Meurisse, Les réactions médico-légales et épileptiques.

1980 – Jean-Michel Pichery, Le jeune adulte délinquant.

  • Mention spéciale à Henri Legrand, L’imprudence routière. Etude critique, pénale et criminologique.

1981 – Henri Souchon, Analyse comparative de la pratique policière de l’admonestation. France, Québec, Grande-Bretagne.

  • Mention spéciale à Robert Roth, Pratique pénitentiaire et théorie sociale. L’exemple de la prison de Genève (1825 – 1862).

1982 – Sylvie Cimamonti, Le processus d’élaboration et de discussion de la loi du 2 février 1981 renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes – essai d’analyse sociologique.

  • Mention spéciale à Frédéric Ocqueteau, La délinquance étrangère et l’ordre public.

1983 – Jean – Marie Fecteau, La pauvreté, le crime et l’Etat. Essai sur l’économie du contrôle social au Québec (1791-1840).

  • Mention spéciale à Soizic Lorvellec, Elaboration d’un modèle d’enregistrement de la criminalité par les instances policières. L’exemple du commissariat de Pau.

Suppression de CCRC, la gestion du PGT est confiée à l’AFC.

1987 – René Lévy, Du suspect au coupable, le travail de police judiciaire, Eds. Médecine & Hygiène, Méridiens, 1987.

1989 – Roger Dufour – Gompers, L’image et le corps, psychothérapie en milieu carcéral, ESF Editeur, 1989.

  • Mention spéciale à Claude Balier, Psychanalyse des comportements violents.
  • Mention spéciale à Jean – Marie Renouard, De l’enfant coupable à l’enfant inadapté, le traitement social et politique de la déviance juvénile, Eds Le Centurion, 1990.

1994 – Marie Vogel, Les politiques des villes entre local et national : l’administration des polices urbaines sous la IIIe République.

  • Mention spéciale à Sébastian Roché, Le sentiment d’insécurité, PUF, 1993.

1996 – Philippe Combessie, Prisons des villes et des campagnes : étude d’écologie sociale, Editions de l’Atelier, 1996.

1998-1999 – Charlotte Vanneste, Les chiffres des prisons de 1830 à 1995, des mécanismes économiques à leur traduction pénale, Editions L’Harmattan, à paraître.

2001 : Hélène L’Heuillet pour Basse politique, haute police. Une approche historique et philosophique de la police.

2003 : Benoît Dupont pour Construction et réformes d’une police : le cas australien (1788-2000).

2005 : Carla Nagels pour Jeunes et violence – Une rencontre programmée par la crise de solidarité. Analyse du discours de la chambre des représentants de Belgique 1981- 1999. (thèse de doctorat en criminologie, université libre de Bruxelles (ULB), 2004)

2007 : François Bonnet pour La Production organisée de l’ordre. Contrôler des gares et des centres commerciaux à Lyon et à Milan.

2009 : Claire Secail pour Le Crime à l’écran : le fait divers criminel à la télévision française.

2011 : Olivier Milhaud pour Séparer et punir, les prisons françaises mises à distance et punition par l’espace.

2013 : Xavier de Larminat pour La probation en quête d’approbation

  • Mention à Jérémie Gauthier pour Origines contrôlées : la police à l’épreuve de la question minoritaire à Paris et Berlin
  • Mention Veerle Massin, pour La capacité pénale.
  • Mention à Caroline Touraut pour La famille à l’épreuve de la prison.

2015: Lucie Bonny pour De la prison, peut-on voir la ville ? Continuum carcéral et socialisation résidentielle.

    2017  Le jury n’a pas attribué de prix.

    2019Océane Pérona pour Le consentement sexuel saisi par les institutions pénales. Policiers, médecins légistes et procureurs face aux violences sexuelles.

    2024: Le jury a décidé de l’attribution du prix à la thèse de doctorat de Mme Delphine GRIVEAUD pour sa thèse de sciences politiques soutenue en 2022 et intitulée « La justice restaurative en France – Sociologie politique d’un « supplément d‘âme » à la justice pénale ».

    La remise du prix s’est déroulé le 21 juin 2024 place Vendôme. Bruno GRAVIER – Discours REMISE DU PRIX GABRIEL TARDE- 21 06 2024

    Le jury a également distingué deux autres travaux de thèse par l’attribution de mentions :

    • à Mme Anne BESSETTE pour sa thèse de sociologie intitulée « Du vandalisme d’œuvres d’art. Destructions, dégradations et interventions dans les musées en Europe et en Amérique du Nord depuis 1970 »,
    • à M. Corentin DURAND pour sa thèse de sociologie intitulée « Les reconfigurations de la relation carcérale. La « sociologie des espaces de communication entre prisonnier-es et autorités pénitentiaires ».

    Règlement du PRIX GABRIEL TARDE (08.06.2000):

    Vu la décision du 23 mars 1972, modifiée le 3 mai 1976, du Comité de coordination des recherches criminologiques du ministère de la Justice créant un prix français de criminologie portant le nom de Gabriel TARDE.

    Vu la proposition du secrétaire général du Comité de coordination des recherches criminologiques du 6 janvier 1984 tendant à faire prendre en charge le Prix Gabriel TARDE par l’Association Française de Criminologie.

    Vu l’acceptation par le président de l’Association Française de Criminologie, le 7 février 1984, de prise en charge du Prix Gabriel TARDE.

    Article 1er :  Il est délivré, tous les deux ans, un prix français de criminologie qui porte le nom « Prix Gabriel TARDE ».

    Article 2 : Il récompense l’auteur, français ou étranger, d’un ouvrage de criminologie en français, publié en première édition ou non encore publié, achevé depuis la dernière attribution du prix.

    Article 3 : Sont pris en considération, pour l’attribution du prix, les seuls ouvrages qui constituent pour leurs auteurs l’une de leurs premières recherches ou l’un de leurs premiers travaux dans le champ de la criminologie.

    Article 4 : Le prix peut récompenser une œuvre collective. Dans ce cas, seul le ou les auteurs remplissant les conditions de l’article 3 concourent au Prix Gabriel TARDE.

    Article 5 : Le jury du Prix Gabriel TARDE est composé de neuf membres. La liste en est établie pour quatre ans par le conseil d’administration de l’AFC. Ce dernier désigne un président du jury. Les membres du jury ne peuvent pas exercer plus de deux mandats successifs.

    Article 6 : Le conseil d’administration de l’AFC. désigne parmi les membres de l’association, un secrétaire du Prix Gabriel TARDE chargé de seconder le président du jury dans ses différentes tâches. Il ne participe pas à la réunion du jury. Son mandat est de quatre ans. Il ne peut exercer plus deux mandats successifs.

    Article 7 : Dans la composition du jury, il est souhaitable

    • Que soient représentés les diverses disciplines s’intéressant aux problèmes criminologiques.
    • Que l’équilibre Paris-Province soit recherché.

    Article 8 :  Le jury arrête à la date fixée par le président de l’association la liste des ouvrages retenus. Peut être pris en considération tout ouvrage indiqué au jury soit par son auteur, soit par un tiers.

    Article 9 :  La liste établie par le jury est communiquée aux auteurs des ouvrages retenus. Ils sont invités à adresser à la date fixée par le jury au secrétariat de l’AFC. trois exemplaires de leur ouvrage ainsi qu’un résumé ne dépassant pas 5 000 caractères et un curriculum vitæ détaillé.

    Article 10 : Le jury règle lui-même ses méthodes de travail, et en particulier, les méthodes de lecture.

    Article 11 : Si le jury estime qu’aucun ouvrage ne mérite d’être retenu, le prix n’est pas décerné.

    Article 12 : Outre le prix, le jury peut décerner une ou plusieurs mentions à celui ou à ceux des ouvrages qui méritent d’être particulièrement recommandés sur le plan scientifique. Ces mentions sont purement honorifiques.

    Article 13 : Les délibérations de jury sont secrètes. Aucune réclamation n’est admise contre ses décisions.

    Article 14 : Le montant du prix est fixé par le bureau de l’AFC dans les limites des sommes mises à la disposition de l’association par le ministère de la Justice.

    Article 15 : Le prix est officiellement remis au lauréat lors d’une réunion scientifique organisée par l’AFC dans les mois qui suivent l’attribution du prix. Il y est invité à présenter son travail.

    Article 16 : Le président et le secrétaire général de l’AFC sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de faire respecter le présent règlement.