Extrait:  »

À propos de…
 Jean DANET , La justice pénale entre rituel et management, Rennes : Presses universitaires de Rennes, coll. « L’univers des normes », 2010, 280 p. L’ouvrage de Jean Danet fait suite à ceux déjà publiés par l’auteur sur les évolutions qui caractérisent notre système pénal depuis un demi-siècle : en particulier, pour celui qui a eu la diffusion la plus large et qui est le plus récent, Justice pénale, le tournant (2006) 1. Dans la mesure où il regroupe en autant de chapitres des articles ou interventions sur des sujets très divers, son aspect « mélanges » pourrait a priori rebuter le lecteur désarçonné par la disparité apparente des thèmes traités.
Ce serait une erreur pour au moins trois raisons. D’abord, la cohérence entre les différents chapitres est assurée par la construction de l’ouvrage en quatre titres qui lui procurent une dynamique interne. Ensuite, et ceux qui ont au moins lu « Le tournant » ne s’en étonneront pas, sur chacun des thèmes traités on retrouve l’originalité du travail et de la pensée de leur auteur, ici approfondie sur des sujets certes épars, mais auxquels la construction du livre confère la cohérence et la fluidité dont on pouvait craindre au départ qu’elle ne fasse défaut.
Le déroulement du livre s’avère pertinent y compris pour mettre à jour l’une des ambiguïtés de son titre : dans son introduction, l’auteur expose le sens de son propos et, en quelque sorte, le fil rouge de pratiquement tous les chapitres consacrés à l’approfondissement de sujets relevant, en apparence, de problématiques très différentes. Dans sa postface, Antoine Garapon renforce encore cette approche à partir de l’analyse qu’il a développée, entre autres textes, dans Esprit 2 et au cours des séminaires de l’IHEJ (Institut des hautes études sur la justice) en 2011 sur cette justice « néo-libérale » qui se met en place. Nous sommes selon lui confronté à la succession puis à la coexistence de trois étapes, de trois paradigmes : celui d’une justice pénale d’abord fondée pendant des siècles sur la souveraineté, assortie d’une indexation de la peine sur la gravité des faits commis ; puis, mise à jour par Michel Foucault, l’émergence à la fin du XIXe siècle, de la fonction disciplinaire de la justice
pénale assortie d’un appareillage clinique ayant vocation à agir sur la personnalité du délinquant ; et on arrive aujourd’hui à ce qu’il définit comme la justice « néo-
libérale », en charge maintenant d’anticiper les risques en optimisant ses ressources.

Cette dernière approche était abordée par Jean Danet dans son précédent ouvrage mais elle est ici assortie d’un chapitre éclairant sur l’émergence du concept de dangerosité, dès les années 1950, au sein de la Défense sociale nouvelle de Marc Ancel, qui conforte en quelque sorte l’analyse de l’auteur sur l’existence d’une suite logique entre les deux dernières périodes repérées par A. Garapon dans sa postface. À ce stade, et avant de plonger dans le corps des chapitres, le sens du concept de management dont il est ici question appelle, à mon sens, pour le magistrat que je suis, une clarification. Le mot est ici entendu au sens de mode de gestion fondée sur une logique à dominante économique dans le cadre d’une société « libérale ». Il fait référence aux économies de moyens, de temps et à la gestion des flux 3, perçus comme reliés à une logique entièrement fondée sur la rationalité économique et devenue l’alpha et l’oméga de la performance judiciaire. Il n’est donc pas fait ici référence au management au sens d’animation, de coordination des ressources humaines tel que pourraient le comprendre les magistrats et fonctionnaires de justice qui déplorent le déficit de gestion des ressources humaines et d’animation
des juridictions

AB Sur Jean Danet

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